Chaque année, le plus grand réseau mondial d’urbanistes se réunit dans une ville pour discuter des défis urbains actuels. Cette année, la Région de Bruxelles-Capitale était un hôte parfait et nous avons tenu à les aider à développer du contenu pour cette occasion, en rapport avec le thème du congrès “From Wealthy to Healthy Cities” (des villes riches aux villes saines). Ce fut également une occasion de distribuer à tous les participants notre rapport Urban Insights 2021 sur la santé et le bien-être.
Récapitulatif du lundi et du mardi
Séance plénière
L’événement a débuté par une séance plénière à la Maison de la Poste sur le site de la Gare Maritime, Tour & Taxis. Les orateurs se sont concentrés sur le rôle clé des urbanistes pour créer un environnement bâti sain et qui influence nos habitudes pour vivre plus sainement.
Le CEO de l’agence d’urbanisme de Bruxelles perspective.brussels, Antoine de Borman, a rappelé l’origine de l’aménagement urbain comme une solution pour faire face aux pandémies, dans le passé comme dans le présent. L’aménagement urbain n’est pas seulement un moyen de soutenir la promotion de la santé, mais il est également utilisé pour favoriser l’équité dans les villes, en se concentrant sur les investissements qui soutiennent le changement nécessaire dans des villes qui est bon pour tous : plus de pistes cyclables et de sécurité routière pour augmenter le confort pour les enfants et les familles, un air pur et des espaces plus verts pour réduire le stress et améliorer la santé mentale et l’infrastructure sociale.
Visite guidée Tour & Taxis
Lundi après-midi, Sweco (BUUR | Boydens Part of Sweco) et perspective.brussels ont organisé une visite guidée autour de Tour & Taxis, avec des perspectives formidables des projets, présentées par Veronica Pezzuti, Kurt Covers et Jens Aerts. La promenade a commencé à la Gare Maritime et nous avons visité plusieurs projets dont le parc linéaire L28 et le nouveau pont par-dessus le canal récemment inauguré.
Session spéciale “Soins de santé dans l’aménagement du territoire”
Le mardi, Jens Aerts a animé une session spéciale sur les “Soins de santé dans l’aménagement du territoire”. Ce fut l’occasion de présenter la première évaluation de l’impact sur la santé d’un programme de rénovation de quartier, réalisé par la division BUUR pour le compte de perspective.brussels. Le Chef de Projet, Séverine Hermand, a présenté les résultats de cette mission, ainsi que des recommandations générales pour mettre en oeuvre cette méthode dans d’autres procédures de planification urbaine. L’importance d’inclure la dimension santé dans la définition des projets urbains a été soulignée lors des discussions entre les participants et les orateurs.
Selon l’Observatoire de la Santé et du Bien-être du Bruxelles-Capitale et plusieurs professionnels de la santé présents à la table ronde, les cartes des quartiers à faibles revenus, du faible accès aux espaces verts et de la qualité de l’air, et les questions de santé se recoupent. L’Agence Bruxelles Environnement l’a reconnu. La session spéciale a également permis de sensibiliser à l’importance d’inclure les personnes les plus vulnérables dans le projet, comme les enfants. La Fondation Bernard van Leer a présenté son programme Urban95 axé sur les jeunes enfants et a organisé un exercice de respiration pour souligner l’importance de l’air pur pour les enfants. Cette session a permis une expérience approfondie autour du domaine de la santé dans l’aménagement du territoire et a démontré l’urgence de s’orienter vers un aménagement sain des villes. Cela a également démontré la complexité de la tâche et la nécessité d’une approche interdisciplinaire.
Session spéciale de la série “Lancet Global Health” sur l’aménagement urbain, les transports et la santé
En 2016, la série Lancet sur l’aménagement urbain, le transport et la santé a souligné l’importance des politiques d’urbanisme intégrées en amont comme voie pour créer des villes saines et durables et a proposé un ensemble d’indicateurs d’aménagement urbain qui pourraient servir de référence pour évaluer et suivre les progrès. La série Lancet Global Health sur l’aménagement urbain, le transport et la santé constitue un prolongement de la série Lancet de 2016.
Cette session spéciale a présenté les résultats d’une étude de cas de 3,5 ans dans 25 villes au travers de 19 pays à revenu faible, moyen et élevé, qui a mené à une analyse politique et à une évaluation des caractéristiques des environnements bâtis et des transports à l’aide d’indicateurs géospatiaux.
La ville de Gand, en Belgique, a participé à ce programme. Les comparaisons avec les valeurs médianes de toutes les villes de cette étude internationale pourraient contribuer à des changements de politique au niveau local. Les cartes montrent la répartition des caractéristiques de l’aménagement urbain et des transports à Gand, ainsi que les zones qui bénéficieraient le plus d’interventions visant à créer des environnements sains et durables.
Par conséquent, les tableaux de bord et les rapports de l’Observatoire pour les 25 villes de dix-neuf pays et six continents ne sont que le début d’un défi mondial beaucoup plus vaste. La vision du “Global Observatory of Healthy and Sustainable Cities” est d’inclure davantage d’indicateurs urbanistiques et de données comparables provenant de plus de 1000 villes du monde.
Cette nouvelle série explore ce qui est nécessaire pour créer des villes saines et durables, en particulier à la lumière de la pandémie du COVID-19 et du changement climatique : une étude inspirante à suivre pour Sweco.
Atelier “Young Planning Professional”
Chris Steenhuis et Ernesto Diez ont été choisis comme coordinateurs de l’atelier des jeunes professionnels de l’urbanisme qui s’est déroulé dans la semaine précédant le congrès. L’atelier a réuni 19 jeunes professionnels de différentes parties du monde (16 pays différents !) pour faire de la recherche par la conception sur la façon de (re)concevoir un environnement sain. Le Port de Ninove dans la zone du canal a été choisi comme étude de cas. Pendant une semaine, les participants ont développé leur vision de la zone avec les parties prenantes, les coordinateurs et les agences gouvernementales telles que perspective.brussels, Urban Brussels et Bruxelles Environnement.
Le mardi, l’équipe a présenté ses visions lors du congrès de l’ISOCARP. L’exposition de l’atelier YPP avec les différents projets a été installée à la Gare Maritime pendant la semaine du congrès, ce qui a permis de poursuivre les discussions et les contributions des parties prenantes. L’échange d’informations entre professionnels de différents horizons sur leurs projets, leurs apprentissages et leurs défis est un moyen fantastique de trouver des solutions aux défis d’aujourd’hui et de demain.
Récapitulatif du mercredi
La “ville à 15 minutes”
La “ville à 15 minutes” fait l’objet de nombreuses recherches et études de modélisation, ouvrant la voie à un vaste champ de connaissances et d’études plus poussées. Ce concept ouvre également plusieurs débats : “La ville à 15 minutes – pour qui ?” ou “Comment dépasser le mot à la mode et passer du concept à un véritable levier de développement urbain ?”.
Plusieurs rétroactions sur la gouvernance participative convergent dans le sens d’un besoin accru de la pleine participation des habitants et des utilisateurs dans le processus décisionnel. Selon l’OMS, la santé d’une personne repose sur trois composantes : la santé mentale, physique et sociale. La participation citoyenne apparaît comme le principal atout de l’aménagement urbain pour améliorer la santé sociale, en répondant à un besoin de reconnaissance et de capacité d’action sur son environnement.
La question de la qualité de vie dans la ville est également mise à l’épreuve par les bouleversements environnementaux. Divers projets pionniers proposent des solutions intégrées pour lutter contre les effets d’îlot de chaleur et la pollution atmosphérique.
Enfin, le thème de l’équité a été introduit dans les discussions. Par exemple, les solutions basées sur la nature (NbS) sont souvent un vecteur de “gentrification verte” dans le sens où elles sont généralement mises en œuvre dans des environnements déjà mieux lotis. Cela ne les rend pas moins pertinentes, mais cela soulève la question de leur attribution.
Le géographe et orateur principal Eric Swyngedauw a rappelé à tous, le lien systématique entre les crises environnementales et sociales à travers sa formule choc “Ma durabilité est la pollution de quelqu’un d’autre”. Partant du constat métabolique qu’un environnement urbain sain implique une désintégration socio-environnementale (ailleurs), il invite les planificateurs à redoubler d’efforts pour développer une “urbanité socialement inclusive et écologiquement sensible”.
Ces observations donnent matière à réflexion quant à l’approche de Sweco pour contribuer à créer des environnements sains.