Le paysage des polders est l’expression d’un lien séculaire et indéfectible entre l’homme et le paysage. Dans peu de régions flamandes, les activités humaines ont été aussi fortement déterminées par les aspects physiques et l’approche collective intégrale d’un paysage que dans les polders.
Sans mettre immédiatement en avant des choix d’aménagement ou de gestion, la biographie du paysage offre des outils pour façonner l’avenir de l’Oudlandpolder de manière durable. Lisez le rapport ici.
Eau : amie ou ennemie ?
Bordé par des canaux et la mer du Nord, l’Oudlandpolder est avant tout une histoire de gestion de l’eau. Par nature, les polders subissent l’influence des marées de la mer du Nord et pourtant, les hommes ont chassé le poisson et le gibier d’eau dans les marais salants et les tourbières, extrait le sel, fait paître des moutons, filé la laine et fabriqué des tissus. Ils ont fait du commerce et ont vécu avec l’eau. Cette eau offrait des opportunités mais aussi des dangers.
Au Moyen Âge, l’Oudlandpolder a subi la transformation cruciale d’un paysage maritime en polder par la construction de digues locales. Une fois que vous commencez à construire des digues, vous faites aussi des écluses et des canaux de drainage, car l’eau ne vient pas seulement de la mer du Nord, mais aussi de l’intérieur des terres. Ces travaux hydrologiques sont devenus de plus en plus inventifs et complexes, tout cela pour maintenir la vie possible dans la zone côtière, mais aussi dans la région sableuse adjacente.
Sous l’influence d’une mauvaise gestion des infrastructures, du glissement du sable des dunes et de l’érosion par l’effet des marées, le littoral s’est déplacé, entraînant une perte massive de terres. De grands travaux d’infrastructure ont ensuite transformé le paysage en une organisation serrée de canaux, de fossés et d’écluses, avec de grandes fermes capitalistes de type polder dans le paysage ouvert. L’élevage de moutons et les cultures arables ont disparu au profit des prairies et de l’élevage bovin.
Les pêcheurs qui partaient en mer et revenaient étaient considérés avec suspicion par les continentaux : la mer était impie. Mais au 19ème siècle, les continentaux se sont soudainement présentés avec une attitude différente. La bourgeoisie venait à la plage et à la mer pour respirer un air sain, se faire plaisir et se détendre. Le littoral tranquille est devenu une ruche animée en haute saison. En bordure orientale de l’Oudlandpolder, Zeebruges est apparue avec l’infrastructure portuaire qui l’accompagne. Les agglomérations urbaines de Bruges, Ostende et Bredene se sont fortement développées et des routes modernes en briques sont apparues.
Entre l’intérieur des terres et la digue se trouvaient immuablement les anciennes granges des polders. Après la Seconde Guerre mondiale, l’agriculture s’est fortement intensifiée, avec pour conséquence une augmentation de l’échelle des parcelles cultivées, la conversion des prairies (humides) en terres arables et la disparition de nombreux petits éléments paysagers et valeurs naturelles. Le paysage de l’Oudlandpolder s’est érodé, a rétréci et s’est refermé, mais a conservé de nombreux beaux atouts.
Deux pistes : étude historique liée à la perception contemporaine
Une biographie du paysage décrit le cycle de vie d’un paysage. Nous partons du principe que le “paysage” n’est pas seulement quelque chose de palpable, mais qu’il a aussi explicitement une dimension sociale. Pour cette mission, nous étions à la fois chercheurs et conteurs. Cette étude est le fruit d’un travail de recherche scientifique et, parallèlement, un journal de l’Oudland a été produit dans le cadre d’une seconde piste narrative.
Le professeur Dries Tys est spécialisé dans l’archéologie médiévale et l’histoire du paysage. Il a fouillé dans les archives, les textes anciens, le matériel cartographique et iconographique et les rapports sur les découvertes archéologiques et a rédigé la majeure partie du rapport scientifique. En parallèle, la Hogeschool Gent s’est mise au travail : les étudiants et les professeurs en banaba aménagement paysager ont réalisé une carte de représentation de l’Oudlandpolder sur la base de sondages menés auprès des habitants et sous la houlette du centre de recherche Futures through Design, nous avons distillé un certain nombre de lignes d’histoire à partir du rapport scientifique pour le journal de l’Oudland, en collaboration avec la Hogeschool.
BUUR a coordonné le processus et s’est occupé de la plus récente historiographie du rapport scientifique et de la production des données SIG et du matériel cartographique. Ainsi, à l’aide de 7 cartes, nous avons donné un aperçu des lignes d’histoire de l’Oudlandpolder en indiquant pour chaque période les différentes évolutions majeures et en mettant en image les transformations du paysage.