Lorsque nous réalisons de grands projets dans des environnements socialement fragiles, nous devons toujours garder à l’esprit le développement organique de la société. L’identité d’un lieu doit devenir un élément clé du déploiement du plan.
Et ce, non seulement en termes d’espace et d’accessibilité, mais aussi d’image, de mémoire et d’identité. Lors de la création d’un “lieu“, la constitution d’une mémoire devient un défi à relever de manière stratégique.
Éviter l’exclusion sociale
La pression démographique dans un contexte mondial interdépendant fait de la croissance à la fois un défi et une opportunité. Pour éviter la poursuite de l’expansion urbaine qui conduit à une consommation foncière accrue et à de nouvelles formes de ségrégation sociale, il faut encourager les opérations stratégiques d’optimisation du foncier urbain. En ce sens, la densité, la proximité, la diversité et l’intégration environnementale apparaissent comme des conditions qui contribuent à l’inclusion sociale.
Mais ces conditions peuvent être abordées à plusieurs niveaux et échelles. Au niveau régional ou métropolitain, la portée des projets est différente de celles promues au niveau communal ou communautaire. Chaque échelle implique une gamme différente d’opérateurs, de politiques et d’acteurs, avec des capacités et des champs d’action différents. En ce sens, devrions-nous identifier une échelle plus appropriée pour l’inclusion sociale ?
Un dialogue transversal entre les acteurs à différentes échelles est nécessaire pour aborder l’inclusion sociale
Combler les fossés
La planification urbaine et la responsabilisation morale de la participation et des initiatives ascendantes, dirigées par les autorités, peuvent parfois être considérées comme des forces antagonistes. Ces tensions, même si elles sont parfois inévitables, perturbent la cohérence du projet urbain. C’est souvent dans ces brèches entre la conception et le déploiement, que des formes indésirables d’exclusion sociale trouvent leur voie dans les projets urbains formels.
Les promoteurs traditionnels de la ville ne changent pas si facilement leurs modèles commerciaux et les outils de planification ne parviennent souvent pas à les inciter à tester des modèles alternatifs. Le défi consiste à structurer un pont efficace entre la planification et l’exécution, en facilitant la collaboration entre les acteurs, et à révéler les opportunités dans des coalitions inattendues. En ce sens, pour concevoir un projet cohérent et continu, l’échelle la plus appropriée pour aborder l’inclusion sociale pourrait être celle qui permet un dialogue transversal entre les acteurs opérant à différentes échelles.
Il s’agit de l’échelle “entre-deux” de la proximité, de l’interaction sociale, de l’identité, de l’appropriation des espaces ; l’échelle qui soutient la spontanéité de la vie quotidienne.
Pour envisager une transformation urbaine efficace, il est nécessaire d’innover à plusieurs niveaux
Partenaires en transition
La notion “d’entre-deux” souligne l’importance de la gestion de la transition en tant qu’effort fluide et complémentaire visant à “créer les conditions” pour garantir la continuité entre la vision et le déploiement. En conséquence, l’urbaniste joue le rôle de médiateur entre les acteurs et les échelles en fournissant un socle commun entre les différentes parties et en facilitant le flux d’informations. En ce sens, la “recherche par la conception” devient un outil pour créer un consensus, identifier les acteurs, comprendre les dynamiques locales, faciliter les processus, tester les solutions, explorer les modes d’appropriation par les citoyens et adapter les méthodes en fonction des réalités du lieu.
Expérimentation continue
Considérant que chaque lieu est unique, avec ses spécificités géographiques, son historique, ses particularités sociales et son identité, nous ne devrions pas proposer de méthodes génériques. Chaque stratégie doit être cohérente avec la spécificité du territoire. C’est pourquoi, pour envisager une transformation urbaine efficace, il est nécessaire d’innover à plusieurs niveaux.
En ce sens, le programme Société Inclusive vise à motiver la pratique quotidienne de BUUR pour contribuer à générer des liens qui permettent la mise en œuvre d’une vision plus large, à mettre en action des coalitions expérimentales de penseurs et de créateurs urbains et à rechercher des opportunités pour faire évoluer les tactiques locales en projets significatifs. Cette approche plus large nécessite une expérimentation continue des méthodes, médias, ressources de communication, qui sont spécifiques à un lieu et à une communauté.